Ségolène Royal n’imagine pas d’être absente du second tour

Publié le par comités 11

Ségolène Royal a déclaré dimanche sur M6 qu’elle n’imaginait pas d’être absente au second tour de l’élection présidentielle cinq ans après l’élimination de Lionel Jospin par Jean-Marie Le Pen.

Le combat qui est devant moi, je vais le conduire avec une très forte détermination, a déclaré la candidate socialiste lors de l’émission “Cinq ans avec”.

Je ne veux pas que les Français soient privés de ce débat fondamental. Ce qui se joue, c’est l’avenir de toute une génération, compte tenu de la crise sociale, économique, morale, démocratique, environnementale à laquelle la droite n’a pas su répondre, a souligné Mme Royal.

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La candidate socialiste entend faire en sorte que la gauche soit présente au second tour, pour que le 22 avril ne ressemble pas au 21 avril 2002. Un sondage Ifop publié par le “Journal du dimanche ” la met pour la première fois à égalité avec le candidat UDF François Bayrou dans les intentions de vote, avec 23% chacun, derrière le candidat UMP Nicolas Sarkozy (28%).

Notant qu’un électeur sur deux ne sait pas encore pour qui il va voter, Ségolène Royal a estimé que les Français sont en attente, exigeants.

Ils se sont fait souvent avoir au cours des élections. Cette fois-ci ils ne veulent plus se faire avoir, et veulent savoir quels sont les projets en présence, a dit la candidate socialiste.

Elle a estimé qu’elle devait encore mieux expliquer son pacte présidentiel, affirmer ses valeurs et surtout incarner ce changement.

Il y a le choix entre la continuité de ce qui vient de se passer pendant cinq années et la réalité d’un profond changement dont la France a besoin pour répondre aux crises.

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Les dirigeants du PS n’ont pas fait bloc en début de campagne

Ségolène Royal a estimé dimanche sur M6 que les dirigeants du PS n’avaient pas suffisamment fait bloc autour (d’elle) au début de cette campagne présidentielle.

Je crois que dans cette première phase de campagne, et à cause du débat interne, les dirigeants du Parti socialiste n’ont pas suffisamment fait bloc autour de moi au début de cette campagne, a dit la candidate socialiste.

Donc, a-t-elle ajouté, il y a eu un doute sur la compétence parce que les gens se sont dits : “Mais comment cela se fait, s’ils ne font pas bloc autour d’elle, c’est que eux-mêmes ont un doute”.

Ce n’est pas le problème de les voir, c’est le problème de ce qu’ils n’ont pas dit à une époque. Et c’était normal, parce que moi j’ai eu cette épreuve de la campagne interne que n’ont pas eu les autres candidats, a-t-elle poursuivi en réponse à la journaliste qui lui demandait si, à son avis, les “éléphants” du PS avaient été assez présents auprès d’elle.

Source : Agences

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Jean-Louis Bianco : Les sondages, ça va, ça vient

Devez-vous rétablir à tout prix un clivage droite-gauche pour contrer la percée de François Bayrou ?

Non, la question ne se pose pas en ces termes. Ségolène Royal se situe dans l’affirmation du socialisme du XXIe siècle. Ce socialisme reste fidèle aux valeurs de la gauche mais regarde les réalités en face.

Il ne s’enferme pas dans des dogmes dépassés, et refuse la société d’assistance. Il dit oui à des valeurs modernes, au « gagnant-gagnant », il considère le dialogue social comme un facteur d’efficacité économique.

Mais pour vous différencier des autres, il faut bien des clivages, même s’ils ne sont pas droite-gauche ?

Des clivages existent bien évidemment. Mais ce serait une erreur de nous déterminer et d’orienter notre campagne en fonction des autres candidats.

La force de Ségolène est de dire la France qu’elle veut et la France qu’elle ne veut pas. Elle ne va pas changer sa campagne. Elle va continuer à être elle-même.

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N’est-ce pas un peu d’entêtement ?

Non, c’est une certitude qui repose sur un constat : il n’y a jamais eu autant de monde dans les meetings et les réunions publiques.

Partout le pacte présidentiel est très bien accueilli. La réalité du terrain est bien éloignée de l’agitation du microcosme autour des sondages.

Nicolas Sarkozy insiste actuellement sur les thèmes de « la nation et l’immigration », Ségolène Royal a dénoncé hier « un amalgame ignoble », qu’en pensez-vous ?

Je vous l’ai dit, je ne commente pas les campagnes des autres. Construire une campagne c’est d’abord définir ses propres valeurs.

Ségolène Royal parle depuis longtemps de la nation. Relisez par exemple ses discours de Vitrolles, de Villepinte.

Elle ne cesse d’affirmer que la France est capable du meilleur, pleine de ressources et de talents, elle dit, comme François Mitterrand, « la France est notre patrie, l’Europe notre avenir ».

Partout, elle insiste sur les valeurs républicaines et laïques d’une France riche de sa diversité. Ce qui la différencie, c’est qu’elle propose un pacte au pays, un contrat.

Ces mots sont importants, ils l’engagent. Sa présidence sera une mise en mouvement de la société. Pas une vision venue d’en haut et plaquée sur la société.

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Quand Jean-Luc Mélenchon, sénateur PS de l’Essonne, dit « il y a le feu au lac », joue-t-il contre son camp ou illustre-t-il une certaine panique à bord du paquebot socialiste ?

Il oublie que les sondages, ça va, ça vient. Leur abondance dans cette campagne et leur caractère contradictoire peuvent en effet semer le trouble.

Mais je peux vous assurer que Ségolène Royal, avec toute son équipe, poursuit son chemin sans états âme. Elle croit en ce qu’elle fait.

On a quand même du mal à croire que l’émergence de François Bayrou n’a aucun effet sur sa campagne !

Ségolène Royal n’entend donner aucun coup de barre, ni à droite ni à gauche. Elle est dans une formidable continuité, ferme sur ses valeurs, confiante dans son pacte présidentiel.

Et le parti, lui, comment doit-il ajuster son combat à ce nouvel adversaire centriste ?

Le PS fait très bien son travail, à commencer par le premier secrétaire, François Hollande. C’est d’ailleurs toute la famille qui est rassemblée derrière notre candidate.

On voit que Laurent Fabius et Dominique Strauss-Kahn, qui se sont tout deux exprimés cette semaine, sont complémentaires.

Ils soutiennent Ségolène, à leur façon, tout en restant eux-mêmes, le premier fidèle à sa ligne d’opposition frontale, le second à sa ligne social-démocrate.

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Dans l’électorat socialiste s’installe quand même l’idée que, pour battre Sarkozy, le vote utile pourrait être le vote Bayrou

Je n’ai jamais entendu ça! Ségolène Royal a toutes les chances de l’emporter le 6 mai. Si des électeurs s’intéressent à François Bayrou, c’est que les médias ont créé un effet de loupe sur lui et l’ont mis à la mode.

Précisément, comment Ségolène Royal s’est-elle fait voler par Bayrou la place de « candidate du changement »? N’a-t-elle pas su convaincre de son étoffe présidentielle ?

C’est tout le contraire ! Son discours sur la défense nationale a été salué unanimement la semaine dernière.

La droite a d’ailleurs abandonné ce thème de la compétence, cette question est derrière nous.

Il est vrai que dans la phase participative de sa campagne, elle a peut-être été moins visible mais, on le mesure aujourd’hui sur le terrain, ses thèmes portent d’autant mieux, que ce soit le droit des jeunes au premier emploi, la lutte contre l’échec scolaire, la Sécurité sociale professionnelle, la revalorisation des petites retraites, la fiscalité des entreprises liée à la nature de leurs investissements, le soutien massif aux énergies renouvelables et aux économies d’énergie dans les logements, un prélèvement exceptionnel sur les superprofits pétroliers pour favoriser les transports collectifs, etc …

Toutes ces propositions du pacte présidentiel représentent aux yeux des Français un vrai changement.

Quant à l’idée de « réconciliation nationale », soyons clairs : le rassemblement très large que propose Ségolène Royal sur la base de son projet est autrement plus solide et sérieux que l’espèce de château de sable, proposé ailleurs, sur lequel viendraient se greffer, comme par miracle, des gens de tout bord.

Interview : Pascale Amaudric / Le JDD


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