Carnet de Chine (4)

Publié le par comités 11

“L’une des voies possibles est l’investissement commun entre la France et la Chine dans des laboratoires de recherche qui permettent de créer ensuite des emplois en France et en Chine”.

Rencontre avec M. Zeng Qinghong, vice-Président de la République, Membre du Comité permanent du Bureau Politique du PCC

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La rencontre a lieu dans le bâtiment imposant de l’Assemblée Nationale Populaire.

Après les présentations d’usage, le vice-Président aborde très vite la question de Taïwan, sur laquelle la position de la France est constante. C’est un incontournable pour mes interlocuteurs, qui accordent une place essentielle à cette question dans leurs relations avec les autres pays. Sans assurance de la pérennité de la position française, aucune discussion ne serait plus possible.

Je reviens ensuite à la visite de la matinée auprès de l’Institut de Diplomatie, en précisant le rôle des trois Présidents de Régions qui m’accompagnent, Jean-Jacques Queyranne, Jean-Yves Le Driant, Jacques Auxiette. C’est par l’intermédiaire des Régions, auxquelles je souhaite donner plus de poids encore à l’avenir, que peuvent se renforcer les liens entre les étudiants chinois et français. Les Présidents de Région qui m’accompagnent sont prêts à engager des coopérations pour accueillir plus d’étudiants chinois, si ceux-ci bénéficient de bourses de leur gouvernement. Je suis persuadée que c’est grâce à sa jeunesse, en facilitant la formation et l’ouverture au monde de celle-ci, que la Chine pourra évoluer.

Je réitère également mon ambition de développer davantage l’apprentissage du Chinois dans les lycées français.”C’est pour la jeune génération que nous essayons de penser un monde meilleur. Ils ont un regard différent sur le monde, il faut les y associer.”

En félicitant le vice-Président chinois pour l’état d’avancement et l’architecture des équipements des JO 2008, j’ai abordé la question de l’environnement.

Il y a là des filières de développement économique sur lesquelles je souhaiterais renforcer les coopérations avec la Chine. Car c’est un gisement d’emplois fécond, sur lequel les entreprises françaises sont en pointe. Véolia travaille ainsi pour améliorer l’efficacité énergétique des centrales thermiques, mais aussi sur l’eau.

En revanche, je ne tolérerai pas que des entreprises françaises, notamment l’une d’entre elles, qui m’a été signalée, se permette de ne pas respecter les normes environnementales de rejet de particules dans l’atmosphère.

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Le vice-Président m’a marqué son intérêt pour renforcer les coopérations en donnant davantage de bourses. Il a rappelé que les années croisées Chine-France avaient été très importantes pour les échanges culturels entre les deux pays.

Vient le moment d’aborder la question des risques de délocalisations, qui inquiètent les travailleurs français. Même si la Chine n’est responsable que d’une petite part des suppressions d’emplois, les risques de délocalisations concernent aussi la recherche et font craindre que notre avantage comparatif s’étiole.

Or, il faut s’attaquer au chômage de manière très volontariste, de crainte de voir émerger des tentations protectionnistes en Europe.

C’est ce que j’ai dit à M. Zeng Qinghong : nous devons trouver les moyens d’assurer une coopération économique qui rentre dans une logique du gagnant-gagnant, même si certaines délocalisations sont inévitables, on peut s’y préparer.

L’une des voies possibles est l’investissement commun entre la France et la Chine dans des laboratoires de recherche qui permettent de créer ensuite des emplois en France et en Chine, notamment dans les domaines de la santé, de l’environnement et des technologies de l’information.

Il faut trouver un juste équilibre entre le transfert total de technologies qui n’est pas acceptable pour nous et le refus total du transfert technologique qui n’est pas acceptable pour la Chine.Si nous réussissons à l’anticiper, nous pourrons construire des initiatives très positives et compenser les pertes d’emplois industriels générés par les délocalisations.Contrairement aux apparences, la Chine a des préoccupations proches de celles de la France la question de l’emploi. Chaque année, 10 millions de nouveaux demandeurs d’emplois arrivent sur le marché du travail, et, dans les campagnes, 100 millions de paysans voudraient trouver un emploi.

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Le volume des échanges commerciaux entre nos deux pays connaît chaque année une croissance de plus de 10%. Le problème est le déséquilibre de ce commerce.

Je ne voulais pas terminer la conversation sans évoquer notre position sur l’embargo, qui est une sollicitation constante des dirigeants chinois. J’ai rappelé que l’embargo a été décidé suite aux événements de 1989 et que la France veut construire une politique européenne étrangère et de défense communes.

Pour conclure, le vice-Président a évoqué à la fin de notre conversation le souvenir de la visite de François Mitterrand en 1981 en Chine, pendant dix jours, après son investiture comme candidat du parti socialiste.


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