La contestation du plan Airbus au coeur de la semaine sociale

Publié le par comités 11

La journée nationale d’action des salariés d’Airbus mardi, avec grève et manifestations dans les usines françaises de l’avionneur européen, marquera la semaine sociale, où débuteront par ailleurs des rencontres entre syndicats et candidats à l’élection présidentielle.

L’annonce par le président d’Airbus Louis Gallois de 10.000 suppressions d’emploi dans une entreprise jusqu’ici épargnée par les plans sociaux, et du projet de cession partielle ou totale de six sites industriels sur 16, a fait l’effet d’une bombe pour les 56.000 salariés du groupe, dont 22.000 en France.

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“C’est un démantèlement avec des risques de délocalisation”, a fustigé le coprésident français du comité d’entreprise européen Jean-François Knepper (FO).

Après des débrayages ponctuels cette semaine, les syndicats français d’Airbus appellent à une demi-journée de grève mardi et à des manifestations autour des sites de l’avionneur, notamment à Toulouse, Nantes et Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), ainsi qu’à Méaulte (Somme).

Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, qui a condamné “un énorme gâchis industriel, technologique et humain”, a prévu de défiler mardi à Toulouse, comme son homologue Jean-Claude Mailly (FO).

Les syndicats français, allemands, anglais et espagnols d’Airbus pourraient en outre annoncer lundi une “journée d’action européenne” pour la mi-mars à l’issue d’une réunion extraordinaire du comité d’entreprise européen à Toulouse.

Le conflit a fait irruption dans la campagne présidentielle. Ségolène Royal (PS) avait rencontré vendredi les syndicats de l’avionneur. La candidate socialiste doit aussi rencontrer les secrétaires généraux de trois confédérations, Alain Olive (Unsa, autonomes) lundi, puis François Chérèque (CFDT) et Bernard Thibault (CGT) vendredi, dans le cadre de la campagne électorale. Elle s’est déjà entretenue avec les dirigeants patronaux du Medef et de la CGPME et syndicaux de la CFTC.

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D’autres candidats vont ensuite, à leur tour, tenir ce type de rencontres bilatérales.

Jeudi 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des femmes, le Collectif national des droits des femmes (CNDF), des associations, syndicats et partis de gauche, appellent à manifester à Paris.

La proximité des élections donne cette année une couleur plus revendicative à cette journée, le Collectif relançant par exemple sa demande d’une loi-cadre contre les violences exercées contre les femmes, et celle d’un “service public de la petite enfance”.

Le procès d’un agriculteur, accusé du meurtre au fusil de chasse de deux contrôleurs du travail en 2004, s’ouvre lundi à Périgueux devant les assises de la Dordogne. La mort de Daniel Buffière, 47 ans, et Sylvie Trémouille, 40 ans, tués lors d’un contrôle des contrats de travail de saisonniers, près de Bergerac, avait traumatisé toute la profession. Les 2.000 agents de l’Inspection du travail alertent régulièrement sur le manque d’effectifs et de reconnaissance attribués à leurs missions.

L’assurance maladie et ses trois syndicats médicaux partenaires - CSMF, Alliance et SML - mèneront enfin mercredi une nouvelle séance de négociation sur une hausse du tarif de la consultation des généralistes. Les médecins veulent une consultation payée à 23 euros, au lieu des 21 euros actuels.

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Ségolène Royal demandera à Berlin un engagement des Etats sur Airbus

Ségolène Royal demandera mardi à Berlin que les Etats européens assument leur responsabilité dans le dossier Airbus et aident à stabiliser le capital de l’avionneur, a déclaré dimanche François Hollande.

Le Premier secrétaire du PS a estimé sur Canal + que les électeurs auraient le choix le 22 avril entre une politique de désengagement de l’Etat incarnée, selon lui, par le candidat UMP Nicolas Sarkozy ou au contraire une politique volontariste.

“On est devant un choix: est-ce qu’on veut une grande entreprise européenne avec des capitaux publics mais aussi des capitaux privés ? Ou au contraire le désengagement des Etats, la responsabilité d’un actionnaire privé dans Airbus, qui serait finalement l’abandon du projet tel qu’on la conçu ?”, a-t-il demandé.

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Pour François Hollande, le plan “que propose M. Sarkozy c’est un désengagement de l’Etat et l’arrivée d’un partenaire privé.”

Prié de dire si la candidate socialiste exposerait son plan mardi à la chancelière allemande, Angela Merkel, il a répondu : “la première solution, pas la seconde.”

Ségolène Royal, pour qui l’Etat “peut et doit intervenir”, a affirmé son intention de décréter un moratoire sur le plan de restructuration Power 8 en cas de victoire à la présidentielle et d’intervenir pour recapitaliser l’entreprise.

Elle a également proposé que les huit régions françaises concernées par l’aéronautique puissent “entrer au capital d’Airbus comme le font les Länder allemands”.

Reuters

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François Hollande: lorsque “Jospin a quitté Matignon”, Airbus faisait partie des “fleurons de l’industrie”

Le Premier secrétaire du Parti socialiste François Hollande a souligné dimanche qu’Airbus faisait partie des “fleurons de l’industrie française” quand “Lionel Jospin a quitté Matignon en 2002″.

On citait “toujours Airbus en modèle, on avait raison d’ailleurs”, a-t-il dit sur Canal+. “C’était une entreprise qui vendait beaucoup d’avions, gagnait des marchés contre Boeing, ce qui permettait de créer des emplois, elle se développait partout sur le territoire avec la sous-traitance. On en était fiers”.

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“Est-ce que vous avez entendu parler, pour citer le cas 2002, pendant la campagne électorale, du cas Airbus?”, a demandé François Hollande. “Non”. La situation en 2007 est, selon lui, différente.

Déclarant que l’avionneur européen avait “beaucoup retardé le temps de l’annonce” de son plan de restructuration, il a souligné qu’il avait “fallu le faire car les Allemands n’ont pas d’élection à court terme” et qu’”ils demandaient que l’entreprise puisse être restructurée”.

“On demande aux salariés de faire un effort, un sacrifice, par rapport à des erreurs de gestion qui ont été commises”, a ajouté le député socialiste de Corrèze, qui s’en est pris au gouvernement, lui reprochant de ne pas avoir “fait son travail d’actionnaire” et de n’avoir “pas contrôlé”.

Il a aussi critiqué “le plan que propose” le candidat de l’UMP Nicolas Sarkozy: c’est “un désengagement de l’Etat et l’arrivée d’un partenaire privé”, a-t-il déploré.

Pour le Premier secrétaire du PS, les Français sont “devant un choix” et “c’est bien qu’il en soit ainsi à la veille d’une élection”. La question centrale à ses yeux est: “Veut-on une grande entreprise européenne avec des capitaux publics?”

François Hollande a dit préférer “une entreprise européenne avec des capitaux publics mais aussi des capitaux privés pour être les meilleurs dans la compétition internationale”.

AP



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