Chamagne : Le retour aux sources

Publié le par comités 11

Entourée d’un essaim de caméras, la candidate à l’élection présidentielle est revenue dans le village où elle a grandi dans les années soixante, une courte étape de sa tournée de trois jours en Lorraine.

Certains habitants du bourg, comme le peintre local Claude Gelée “ont eu un destin exceptionnel. Ce qui m’arrive est somme toute banal”, relativise dans un sourire la première femme à avoir une vraie chance d’accéder à l’Elysée.

Devant la mairie dont les fenêtres ont un air de 14-Juillet, guirlandes et drapeaux tricolores, elle raconte son enfance “pas toujours joyeuse” de “numéro quatre” dans une fratrie de huit “élevée à la dure” par le lieutenant-colonel Royal.

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avec son frère cadet Antoine

A côté d’elle, “numéro huit”, son frère Antoine, son fils aîné, qui n’était jamais venu dans le village situé entre Epinal et Nancy, et son ancienne nourrice écoutent religieusement.

Une cinquantaine de journalistes, dont une chaîne de télévision belge, la radio allemande et le correspondant du quotidien japonais Asahi Shimbun, tentent de comprendre l’histoire crachée par une sono.

Pendant dix minutes, Ségolène Royal évoque les promenades en forêt - “je connais 200 espèces de champignons!” - la neige à pelleter avant de partir à l’école, la bassinoire pour chauffer le lit le soir et les matins où, devant un hiver trop rigoureux, elle et ses soeurs se glissaient “directement de la couette au car de ramassage”. “Cela aussi ça forge le caractère!”.

L’ancienne ministre de l’Environnement se souvient de “l’enchaînement des saisons” qui aujourd’hui est menacé par le réchauffement climatique et l’ancienne ministre déléguée à la Famille insiste sur “l’ancrage familial”, “ces années d’enfance qui (font) la profondeur des racines et la solidité des choses”.

Elle déclenche une soupir de contentement dans la petite foule de partisans et de curieux massés sous le soleil quand elle raconte le ramassage des mirabelles, la “gnole” et son grand-père “bouilleur de cru”.

Du lavoir à la maison familiale couverte de vigne vierge, la visite dure une heure. Au passage, deux petites filles lui remettent un dessin où elle apparaît drapée dans une robe tricolore.

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Un retour aux sources qu’elle se défend d’avoir monté de toutes pièces. A part un bref passage en 2006, Ségolène Royal n’était pas revenue à Chamagne depuis la fin de ses études.

“Je ne serai pas revenue si vous ne m’aviez pas invitée (…) Je n’aurais pas voulu forcer les choses”, confie-t-elle au maire en écharpe tricolore et aux membres de son comité de soutien local, qui l’ont invitée.

“C’est un beau cadeau que vous me faites là. Cela va me donner quelque chose en plus dans cette dernière ligne droite”, assure-t-elle.

Le spontané ayant ses limites, l’équipe de campagne distribue dans la foulée un dossier de presse avec force détails - “1.524 hectares dont 380 de forêt” - et plusieurs photos de la famille Royal au grand complet. Sous les clichés, un lien internet renvoyant vers l’album mis en ligne sur le site internet Désirs d’avenir.

A Chantraine, près d’Epinal, François Rebsamen a lancé la rencontre publique sans la candidate qui discute avec l’ancien maire de Chamagne à l’entrée de sa grange.

“Une heure de retard, on devient Mitterrandistes”, rigole Patrick Mennucci, directeur adjoint de la campagne ravi de ce “retour aux racines”.

Source Reuters

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J’ai eu la volonté d’échapper au destin qui m’était tracé

Ségolène Royal en visite à Chamagne :

Entourée de plusieurs centaines de personnes, Ségolène Royal revient à Chamagne, le village de son enfance. Elle s’arrête devant la maison où elle a vécu de 10 ans à sa majorité,

C’est un beau cadeau que vous me donnez là. Vous me donnez quelque chose en plus dans cette dernière ligne droite“. Elle raconte son enfance “pas toujours très joyeuse“. “Il a fallu surmonter un certain nombre de choses et, grâce à l’école, j’ai eu la volonté d’échapper au destin qui m’était tracé“, confie-t-elle, rappelant ses études au collège tout proche de Charmes, au lycée privé d’Epinal, puis à la faculté de Nancy. “J’ai été élevée à la dure, et ça aussi ça forge le caractère“.

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Ségolène Royal se souvient des hivers rigoureux, “quand il fallait sortir de la maison pour enlever la neige avec la pelle” et le “ramassage des mirabelles“. “Ça servait pour faire des tartes, pour faire des bocaux pour l’hiver et pour faire de la gnôle!“. Les promenades en forêt aussi: “Je connais 200 espèces de champignons!“. La cloche de l’église sonne, Ségolène Royal s’interrompt: “J’ai entendu cette cloche toute mon enfance…

Cette visite a été organisée par un comité de soutien local, dans le cadre de sa tournée de trois jours dans l’Est. “Je ne serais pas revenue si vous ne m’aviez pas invitée“, assure-t-elle. “Je n’aurais pas voulu forcer les choses“.

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Ségolène Royal dans le village de son enfance

Ségolène Royal est allée jeudi se ressourcer dans le village vosgien de son enfance, Chamagne, un retour à ses racines qui, a-t-elle dit, “va me donner quelque chose en plus dans la dernière ligne droite” de la campagne présidentielle.

En dépit de l’affluence médiatique, la candidate, qui s’est dite “très émue”, a voulu donner un tour très personnel à ce “pélerinage”: elle n’était accompagnée que de son fils aîné, Thomas, 22 ans. Son frère Antoine l’attendait.

Mais son hommage aux “traditions” et à la “ruralité”, davantage attendu dans une campagne d’entre deux tours, avait aussi une résonance politique: une digression dans une séquence tout entière tournée dans l’affirmation du clivage entre la gauche et la droite, à dix jours du scrutin.

“Ce sont ces années d’enfance et d’adolescence qui forgent le caractère, les identités, la profondeur des racines, la solidité des choses”, a affirmé la candidate socialiste, invitée par “les 97 de Chamagne”, comité constitué dans ce village de 454 habitants pour soutenir sa candidature à l’Elysée.

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avec son fils aîné Thomas

Elle n’a pas oublié que c’est ici qu’elle a “appris la forêt, les champignons, la nature, les herbes, les insectes”, ramassé des mirabelles dont son grand-père bouilleur de cru faisait ensuite “de la gnioule”, a-t-elle raconté au micro devant la petite mairie, 300 villageois réunis autour d’elle. “On en mettait dans les gâteaux, pas dans les biberons, rassurez-vous!”, a-t-elle plaisanté.

C’était là un condensé de “l’identité rurale profonde de la France, qui fait la France”, selon son expression. Ayant emmené Thomas “pour qu’il regarde l’enchaînement des générations”, Ségolène Royal n’a pas renié “les traditions dont (elle a) inconsciemment hérité”, comme celle “des images pieuses, des images d’Epinal” que les colporteurs allaient vendre.

A l’angle de la place se dresse toujours la haute maison au crépi gris et aux volets écaillés où vivait la famille Royal. Une vigne vierge vieillie par les ans dissimule une vierge, discrète dans une petite niche.

Ségolène Royal se souvient toujours d’”une histoire familiale pas toujours joyeuse”. “Nous étions élevés à la dure. Ca aussi, ça forge le caractère”, a-t-elle observé, évoquant le parcours dans la neige, à vélo, pour rejoindre le collège.

Le maire (sans étiquette) Gérard Pachot a exprimé sa “fierté d’être une partie du destin” de la candidate, formant des voeux pour sa “réussite”. “Je sais que vous allez m’accompagner par votre pensée”, a répondu Mme Royal. “Ca va être difficile, mais elle est apte à se défendre”, a commenté Aimé Houillon, un ami des frères Royal.

 


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